Rétinite pigmentaire et consanguinité

Publié le par AMAB

La rétinite pigmentaire (RP) est la forme la plus fréquente de dégénérescence rétinienne puisqu’on estime sa prévalence à un cas sur 4000 individus. Ses effets peuvent commencer à se manifester dès l’enfance par la perte progressive de la vision nocturne, suivie d’une réduction de la vision diurne aboutissant à la cécité. Ce sont les cellules à bâtonnets qui semblent affectées en premier, avant que leurs équivalents à cônes ne le soient à leur tour.

L’étiologie est multiple, mais préférentiellement d’origine génétique. On a en particulier incriminé un gène – PRCD - dont la fonction est inconnue, mais qui code pour une protéine constituée de 54 acides aminés. L’idée est venue, depuis, de traiter des rétines affectées par la forme normale de cette protéine. Des essais ont été entrepris chez la souris, et semblent donner des résultats encourageants. Il reste bien entendu à les confirmer chez l’homme et à valider le fait que le traitement n’induit pas d’anomalies associées.

Toute origine génétique signifie par essence que la consanguinité accroît les risques d’apparition d’une maladie associée - quelle qu’elle soit - et la RP n’échappe pas à la règle. Or, on sait à quel point l’endogamie (mariages au sein d’un même groupe social) est importante en région méditerranéenne et dans les pays du Maghreb en particulier. Une publication récente en apporte une preuve supplémentaire1. Elle présente les résultats d’une étude qui a porté sur la population d’un village de 11 000 habitants musulmans, situé au nord d’Israël. Ce village aurait été créé il y a 250 ans par trois frères et leurs épouses. Depuis, on évalue à 74% la proportion des mariages qui unissent des ressortissants de ce village et à 22% celle des mariages entre cousins germains. La recherche de mutants a permis d’en identifier 12, responsables – à des niveaux élevés - de pathologies diverses parmi lesquelles la thalassémie, la maladie de Gaucher et l’anémie falciforme pour ne citer que celles-là. La RP a également été mise en évidence chez 43 personnes au moins, appartenant à 24 familles. La prévalence, du coup, grimpe dans ce village à 1 cas sur 255, soit 15 fois plus que celle qui est observée dans une population ouverte. Pour l’occasion, une nouvelle mutation a été identifiée pour le gène PRCD, ce qui ne change rien à la problématique de consanguinité sinon qu’elle en accroît les risques associés.

Il parait évident que ce genre de découverte ne modifiera pas avant longtemps les habitudes ancestrales de mariages consentis au sein d’une même entité ethnique ou villageoise. Elle renforce toutefois la notion de risque lié à la consanguinité en donnant à celui-ci – quand c’est une maladie grave ou invalidante qui est concernée – des valeurs de prévalence qui devraient tout de même faire réfléchir.

 

  1. M.J. Nevet, S.A. Shalev, J. Zlotogora et al. Identification of a prevalent founder mutation in an Israeli Muslim Arab village confirms the role of PRCD in the aetiology of retinitis pigmentosa in humans. J. Med Genet 2010; 47: 533-537.
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