Accroissement de la prévalence du diabète en Afrique

Publié le par amab.over-blog.com

 

Le lien entre la dialyse, la greffe rénale et le diabète n’est malheureusement plus à établir. L’augmentation de la prévalence de cette dernière pathologie en Algérie non plus, qu’elle soit de type 1 ou – principalement - de type 2. Ce processus d’accroissement inquiétant n’est pas une exclusivité de ce pays, loin s’en faut. Pour autant, ce n’est pas une consolation. Une publication récente1 dresse un état des lieux de la progression de la maladie en Afrique, principalement subsaharienne. Le constat est lourd de conséquences. Il apparaît en effet que c’est dans les pays en voie de développement que la maladie connaît sa plus grande progression. A ce train-là, l’OMS (organisation mondiale pour la santé) estime que la prévalence du diabète, tous types confondus, devrait augmenter de 54% pour l’ensemble de la planète, passant d’un effectif recensé de 284.6 millions d’individus en 2010 à 438.4 millions en 2030.

Bien sûr la maladie n’est-elle pas forcément fatale. On estime sa part dans la mortalité globale à 6%. Mais il demeure que cela suppose un diagnostic aussi précoce que possible d’une part, un accès au traitement de l’autre ; ce qui risque évidemment de poser problème dans les pays émergents où une part importante des individus présymptomatiques ou simplement « à risque » ou ignorent leur état… Ils sont aussi – ce sont les informations épidémiologiques qui le renseignent – le fait préférentiel de la tranche d’âge des 20 – 39% où se retrouvent surtout les actifs des deux sexes. Cette réalité ne risque pas de favoriser une économie déjà souvent précarisée.

Tus les habitants de la planète Afrique sont-ils concernés de façon identique ? Apparemment pas. L’accroissement observé semble être lié de façon étroite à l’urbanisation croissante et à une modification de l’hygiène de vie, souvent gagnée à un mode d’alimentation à l’occidentale. Cause ou conséquence de ces deux éléments : l’activité physique s’en trouve substantiellement réduite. On retrouve par conséquent ce qui constitue les éléments qui favorisent l’émergence de la pathologie dans le monde occidental également. Il est d’ailleurs significatif de constater que la maladie frappe davantage la ville que les champs…

Ce n’est toutefois pas encore tout. La génétique y met son grain de sel. Si on considère en effet une population comme celle du Soudan où se côtoient des populations typiquement d’origine africaine et d’autres métissées d’origines arabes, on constate que, quel que soit le milieu de résidence – ville ou campagne – le second groupe apparaît plus à risque de diabète que le premier ; signe – peut-être – que les individus d’origine arabe seraient plus enclins à développer la maladie.

Cela reste évidemment à étayer, mais cela nous ramène aussi à l’Algérie. Si les quelques éléments de l’étiologie rapportés plus haut valent également pour ce pays et ses voisins du Maghreb, ils ne peuvent expliquer pourquoi une frange de plus en plus importante de – très – jeunes individus sont atteints, alors qu’ils n’ont pas encore eu à connaître les effets d’une urbanisation ou d’un déséquilibre alimentaire prolongé. On peut par ailleurs suspecter que les enfants conservent aussi par leurs jeux, une activité physique plus importante que leurs aînés.

On reste par conséquent confronté à une inconnue. La génétique est-elle directement en cause ou bien la modification des habitudes parentales influe-t-elle, par une voie épigénétique qui reste toutefois à étayer, sur le métabolisme des enfants conçus ?

La question reste très largement ouverte…

 

  1. J.C.N. Nbanya, A.A Motala, E . Sobngwy et al. Diabetes in sub-saharian Africa. Lancet 2010 ; 375 (June 26) : 2254-2266.
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